Brasil la grande traversée Franck Degoul


Rédigé le 26 juillet 2015

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Premières phrases :

« Mesdames et Messieurs bonjour, je m’appelle Caetano, je suis votre chauffeur. Nous nous apprêtons à quitter Porto Alegre. Nous arriverons à destination à 19 heures 40 après sept heures de route. La température extérieure est de 18°C. La compagnie et moi-même vous souhaitons un agréable voyage sur notre ligne. »

Pourquoi ce livre :

Le Brésil – excepté son carnaval – est en pays que je ne connais pas. Ni son peuple ni son histoire. Alors j’ai vu avec Brasil, le livre de Franck Degoul, docteur en anthropologie, un moyen de remédier à cela efficacement, car quoi de mieux pour découvrir un pays que de le parcourir (par procuration) à pied ?
Je remercie d’ailleurs les éditions Transboréal pour cette découverte et l’auteur pour sa gentille dédicace.

Mon avis:

Il aura fallu 1 an de préparation à l’auteur, avant d’affronter les 5000 km qui l’attendaient. 5000 km pour traverser le Brésil de Chui (son extrême sud) à Oiapoque, (son extrême nord).

Périple qu’il a effectué en 8 mois, pendant lesquels, avec sa tente Rotunda – oui, elle a un petit nom, sa tente; et alors ? 🙂 – , il a traversé le pays dans les terres, en longeant les routes.
Le soir venu, il espérait trouver un coin tranquille, derrière une station-service, ou dans le jardin de l’habitant, loin des dangers en tout genre qu’engendre la route. Mais ce n’était pas une mince affaire, difficile de s’éloigner du bitume sur ces axes routiers.

Un périple que j’ai trouvé vraiment pas facile, de par ces 5000 km de marche évidement, mais surtout parce que pendant une très grande partie, Franck longe la route. Une route passante et dangereuse. Il faut éviter de se faire écraser (c’est mieux) et de rencontrer des bandits de grand chemin. Et d’après les dires des locaux, ils sont nombreux au Brésil.

p26-27
« Défier une si longue distance, je le savais au plus profond, consistait à adopter la stratégie de la goutte d’eau : des millions de minuscules perles régulières, chutant une à une, forent la roche la plus dure et finissent par s’y ménager un passage. Ainsi j’irai pas à pas »
« Je remarquais à l’occasion de cette marche toute en curiosité combien le plaisir de l’œil et celui de l’esprit influaient sur la perception de la distance parcourue et de l’effort fourni ; abolies par la beauté de la chose, durée et fatigue se dissipent »

De nombreuses rencontres jalonnent sa marche comme, par exemple, ces indigènes indiens dans le sud du pays qui, comme leurs homologues américains, ont été chassés de leurs terres et parqués dans des camps au profit de la culture intensive du soja.

Il a dû affronter de nombreux problèmes matériels et de fortes intempéries.
p39 :
« j’étais convaincu que Rotunda n’aurait pu affronter pareil courroux plus de quelques minutes, tout en espérant qu’elle me contredise si nous avions à le vivre un jour »

Ainsi que souffrir de la solitude.
p46
« Un pas de plus et le précédent est passé. Chaque foulée renouvelle le présent, et la notion du temps, précisément, perd son caractère de « notion » « 

Il a fait de belles rencontres, je pense notamment aux routiers qui, à force de le croiser matin et soir sur leur route, l’ont pris sous leurs ailes.

Il lui aura fallu énormément de courage, car longer une route si bruyante et dangereuse ne doit pas être tous les jours une partie de plaisir d’autant plus quand celle-ci se perd dans l’horizon.

Je ne peux clôturer ce billet sans vous donner un petit extrait du chapitre « Point mort » . J’aurai pu copier le chapitre complet tellement je le trouve beau ! En voici un cours extrait:

p129-130
« Cette longue marche n’est pas du camping.
Cette longue marche n’est pas une expédition polaire.
Cette longue marche n’est pas l’exploration pionnière d’une terra incognita.
Cette longue marche n’est pas prestigieuse.
Cette longue marche n’est pas humanitaire.
Cette longue marche n’est pas dans les pas de …
Cette longue marche n’est pas auréolée de succès avant même d’avoir été achevée.
Cette longue marche ne fera pas un succès de librairie »
(j’espère bien que si !)

L’écriture claire et soignée de Franck Degoul fait de Brasil un livre captivant. J’ai appris nombre de choses intéressantes sur l’histoire du peuple brésilien.

Mais je dois vous avouer que pour rien au monde, je n’aurais voulu échanger ma place contre la sienne, car même bien installée dans mon jardin, j’avais la plante des pieds qui chauffait pour lui.
Un livre que je vous recommande fortement.

Brasil la grande traversée Franck Degoul – Editions Transboréal (5 mai 2015) – 217 pages

18 commentaires

  • keisha
    26 juillet 2015 à 14 h 23 min -

    Il est chez moi!!! Le livre, pas l’auteur, dont le CV est épatant, non? (j’aimerais bien parler du Bénin avec lui)
    Tu as raison, lire ces aventures là bien tranquillou chez soi, c’est bien aussi… ^_^^

    • Chinouk
      26 juillet 2015 à 22 h 59 min -

      Hâte d’avoir ton avis ! ou la la oui, c’est bien aussi de le lire bien installé avec une boisson fraîche , car tu sais pourtant que j’aime la randonnée, mais la franchement chapeau Mr Degoul ! quel mental d’acier il faut pour arriver au bout de cette aventure !

    • Chinouk
      26 juillet 2015 à 23 h 19 min -

      ah mais j’y pense, tu as vécu au Bénin il me semble !?

      • keisha
        27 juillet 2015 à 8 h 31 min -

        Exact, mais pas tellement dans le sud (il existe quand même une photo où j’ai un python ‘sacré’ autour du cou (bon, un petit python, hein!)

        • Chinouk
          27 juillet 2015 à 9 h 54 min -

          oh my gosh !! je veux voir ça !!

  • Gabriel
    26 juillet 2015 à 14 h 59 min -

    Le Brésil ne m’attire pas particulièrement et pourtant j’ai bien envie de noter ce livre à cause de tout ce que tu en dis et des extraits. Je crois que sans ton billet il ne m’aurait même jamais passé par la tête de le lire.

    • Chinouk
      26 juillet 2015 à 23 h 04 min -

      N’hésite pas un instant ! car tu vas vraiment découvrir un Brésil que l’on ne connait pas ! En général, je sors très peu de mes lectures de « confort » sauf avec Transboreal, car je me suis lancée une fois pour voir avec un récit qui se passe en Patagonie ( aux 4 vents de la Patagonie de David Lefevre voir la revue sur mon blog si tu veux ) et j’ai pris une telle claque qu’a présent, des que le sujet m’interpelle je me lance les yeux fermés ! et j’ai encore eu raison !

      • Gabriel
        27 juillet 2015 à 4 h 27 min -

        Merci! C’est ce que je ferai je crois!
        J’ai lu dernièrement un livre de David Lefèvre (La vie en cabane) et je veux lire ses autres, dont celui de la Patagonie aussi 🙂

        • Chinouk
          27 juillet 2015 à 9 h 56 min -

          il te faut absolument lire aux 4 vents !! Je suis tombée amoureuse de la Patagonie a cause de ce récit !! ça me fait penser qu’il fait que je sorte le xhatwin de ma PAL !

  • Lea Touch Book
    26 juillet 2015 à 18 h 28 min -

    Je ne connaissais pas alors merci 🙂

    • Chinouk
      26 juillet 2015 à 23 h 04 min -

      avec plaisir 🙂

  • Electra
    28 juillet 2015 à 17 h 32 min -

    Tu me fais voyager de loin ! Pareil, le Brésil ne m’attire absolument pas. C’est étrange d’avoir des pays (je voyage pas mal pourtant) qui ne m’attirent pas (l’Inde en fait partie, et pourtant j’ai vu des milliers de photos de ce pays, peut-être justement à cause de ça?) Bref, je note par contre pour David Lefèvre.

    Et comme toi, il y a certaines randonnées qu’il vaut mieux faire de son transat !!! (dixit celle qui vient de marcher 14 km par jour .. et qui est heureuse de se poser un peu auj. et de lire tes chroniques !)

    • Chinouk
      28 juillet 2015 à 18 h 04 min -

      Cette marche, même pas en rêve je l’aurai faite, pas pour le Brésil- parce que les paysages doivent sacrement en valoir la peine, mais pour la route. Je suis une flippé de la route ! en ce moment je prépare un voyage en vélo et, du coup, je m’entraine à rouler exprès sur les moyennes routes de campagne par chez moi, je ne te dis pas le stress quand une voiture arrive derrière moi !

      Tu es déjà rentré de ton séjour?

  • keisha
    31 juillet 2015 à 17 h 30 min -

    Ne jamais faire du vélo sur certaines routes! Les voitures et les cars ne laissent pas la distance de sécurité!
    Bon, j’ai terminé ma lecture, terminé (ou presque) mon billet. Je veux bien garder le bouquin (merci!) ou alors le faire parvenir à une personne REELLEMENT intéressée (fans de Transboreal, unissez vous) On verra, tu décides. Autant que le livre soit lu par le plus grand nombre, j’ai fait pareil avec mon exemplaire en sus de Vers Compostelle

    • Chinouk
      6 août 2015 à 18 h 59 min -

      T’inquiète, je fais du vélo sur les petites départementales, très peu de passage, mais encore trop pour la trouillarde que je suis Le bouquin est à toi, tu en fais ce que tu en veux. Mais comme tu le soulignes, si tu l’envoies à qqu’unil faut qu’il soit réellement intéressé. Il me semble que Gabriel voulait le lire, à voir avec lui.

      • keisha
        15 août 2015 à 8 h 24 min -

        Euh, je suis allée voir le blog de Gabriel, euh, tu sais qu’il habite au Canada? Je recule devant les frais de port! ^_^ On va trouver! Même si chez moi ça ne se bouscule pas au portillon! Bon, rien ne presse, je peux soit le garder soit le donner à la bibli aussi. Mais pas dans l’immédiat!(et puis un Transboreal quand même…)

        • Chinouk
          15 août 2015 à 10 h 36 min -

          Je viens de m’apercevoir qu’il était au Quebec aussi. 🙂 Ecoute, de toute façon il est à toi, alors garde le.

  • keisha
    16 août 2015 à 14 h 21 min -

    Merci!!! Il a été lu assez vite, tu as vu, je ne l’ai pas laissé marner dans la PAL!

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