Aux quatre vents de la Patagonie de David Lefèvre


Rédigé le 4 juin 2012

Aux quatre vents de la Patagonie de David LefèvrePremier paragraphe:
Dans le fond, les vagabonds détestent les villes. Ils aiment les paysages d’où monte la sève et non la fumée. Tous de même, voir une ville arriver de loin sous une belle lune maussade, enveloppée de brume ou fondue dans le crachin, rentrer à petits pas dans son ventre masticatoire…
Peu n’importai. J’étais incapable de me souvenir si les proverbiales vies du chat sont au nombre de sept ou de neuf mais j’emportais la certitude que Buenos Aires la nostalgique inaugurait une nouvelle naissance. Et puis il s’agissait bien d’un départ. J’avais rompu mes amarres et définitivement quitté le bossoir. Sans repère no recommandations, sans inquiétude non plus. A l’heure où la ville se retournait dans son sommeil.

L’histoire :
A Santiago du Chili, David Lefèvre découvre dans les archives nationales le mythe de la cité des Césars. Aimanté par cet hypothétique eldorado dissimulé dans les immensités de Patagonie, il entreprend une lente descente de la cordillère des Andes. Des épisodes méconnus de la conquête espagnole et des destins insolites deviennent les jalons du voyage et décident de son orientation. Au fil d’un chemin alternant marches solitaires et séjours prolongés auprès des rares populations australes se déploie ainsi une réalité inattendue.
De la pampa argentine aux épaisses forêts du Chili, des rivages chilotes aux confins du détroit de Magellan, en passant par Ushuaia en Terre de Feu, le voyageur impénitent est emporté par une nature puissante qui le transforme à tel point que, au terme de dix-huit mois d’itinérance, il décide de poser son sac.

Quelques mots sur l’auteur : 
David Lefèvre est né à Fougères en 1973, à 20 ans après une licence d’histoire-géographie il plaque tout pour partir sur les routes du monde. Après plusieurs séjours en Patagonie, il décide de s’installer sur la petite île de Chiloé au Chili, où il a construit une cabane en bois au bord d’un lac et s’adonne à une vie frugale proche de l’autosubsistance.

Pourquoi ce livre ?
Ce livre et moi nous étions destinés à nous rencontrer.
Au mois d’avril, je reçois un mail de Transboreal, maison d’édition que j’adore, qui me propose de m’envoyer si je le souhaite  » Aux quatre vents de la Patagonie », ce que j’accepte avec plaisir. Le même jour  je reçois le journal local, en le feuilletant je tombe sur un article « perturbant » : David Lefèvre, auteur du fameux livre va donner une conférence dans mon village ! Quelle coïncidence tout de même ! J’apprends par la même occasion qu’il séjourne non loin de chez moi quand il n’est pas sur Chiloé.
Note : 9.5/10

Mon avis sur Aux quatre vents de la Patagonie:

Je souhaite déjà vous parler de ce livre en tant qu’objet.
Les éditions Transboréal ont fait fort avec la nouvelle présentation de leurs publications. La couverture de chaque ouvrage est composée d’une magnifique photo et d’un bandeau titre imprimé en relief. La tanche, de couleur identique au liseret du bandeau titre, contient aussi un portrait de l’auteur ce qui rends très jolie dans une bibliothèque.
Ils sont tellement beaux ces nouveaux livres que si je ne me retenais pas je changerais toutes mes anciennes versions par leurs nouvelles éditions.
Dès le prologue le ton est donné, je vais aimer ce récit. Je suis déjà sous le charme de l’écriture de l’auteur que je trouve douce et poétique. La description qu’il fait de San Telmo, banlieue de Buenos Aires où il séjourne quelques jours, est si paisible que moi aussi je veux y poser mon sac à dos quelque temps.
David nous livre pour notre plus grand plaisir un beau pavé de 450 pages et on en redemande ! J’aurais aimé qu’il en fasse le double moi ce livre!
Pour une fois, j’ai pris le temps de le savourer. Moi qui en général dévore les livres, j’ai éprouvé le besoin de déguster celui-ci. Je voulais faire durer le plaisir et retarder au maximum la frustration que j’allais ressentir en tournant la page de fin.
Lors de son périple de 18 mois de Chiloé, au Chili, à la Terre de Feu, David Lefèvre combine recherche historique et découverte du pays dans le but de découvrir la cité des Césars, cette cité légendaire cousue d’or où tous les hommes vivent heureux.
Son récit chemine entre ses rencontres avec des gens simples, intéressants et attachants, ou il se veut «cueilleur de mémoire» pour recueillir la parole des anciens avant qu’elle ne disparaisse, et ses recherches pour localiser cette fameuse cité.

L’auteur nous conte des faits historiques, des récits de grands navigateurs passionnants, le tout dans un style limpide et pas du tout « pompeux ». On ressent sa passion pour l’histoire dans ses mots et son envie de nous la faire partager.
Quand sa quête touche à sa fin, sur le bord du quai en partance pour le vieux continent, tels les explorateurs de son récit, le doute s’installe. Le mal-être prend possession de sa personne.
Pour qui, pour quoi repartir ?

C’est vraiment un récit passionnant que je vous recommande fortement. Une très belle découverte pour moi. >

Pourquoi ne lui ai-je pas mis la note de 10/10 alors, allez-vous me dire ? j’aurai juste voulu plus de récits de route, mais pour cela il aurait dû faire 900 pages, je pense.
Extraits:
 » A partir des dernières habitations d’Esquel s’amorce le chemin le plus court vers un face à face avec la solitude des steppes » p155

 » Une pompe à essence vieillotte. L’enseigne du fabricant de pneu qui grince au vent. Un paysage éteint balayé de poussière par par un vent quasi permanent. voila qui vous compose une ambiance de road-movie où tout pourrai arriver mais où rien ne se passe » p247
« Lever le pouce, c’est lancer une ligne sur la chaussée et attendre de voir qui mordra. C’est être là, au bord d’un fossé. Lanterner à la croisée des chemins. Avoir son avenir le plus immédiat inscrit sur le bout de son doigt et ne pouvoir le lire. » p249

Un grand merci à Marc Alaux et Emeric Fisset pour cette découverte.

David Lefèvre – Transboréal – 456pages – 19,86€

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2 commentaires

  • keisha
    2 mars 2014 à 14 h 24 min -

    Je découvre avec stupeur que ton billet m’avait échappé à l’époque (pourtant j’étais sûre qu’il existait, j’ai tapé chinouk dans G…)
    Bref, je l’ai terminé hier soir, et je pourrais copier tout ce que tu dis (ne t’inquiète pas, je vais essayer de le dire avec mes mots) Mais d’ores et déjà c’est un coup de coeur.

    • Chinouk
      18 mars 2014 à 14 h 55 min -

      je suis super contente qu’il te plaises ! pour moi aux quatre vents de la Patagonie est le meilleurs de meilleurs récit de voyage que j’ai pu lire ! tu vas te regaler avec solidute Austales…

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