Nomadland de Jessica Bruder


Rédigé le 8 mars 2019

Nomadland de Jessica Bruder Premières phrases du livre :
À l’heure où j’écris ces mots, ils sont éparpillés aux quatre coins du pays. À Drayton, Dakota du Nord, un ex-chauffeur de taxi de San Francisco âgé de soixante-sept ans participe à la récolte annuelle de betterave sucrière. Du lever au coucher du soleil, sous des températures glaciales, il aide à décharger des tonnes de cargaison des camions qui arrivent des champs. La nuit, il dort dans la fourgonnette qui lui fait office de domicile depuis qu’Uber l’a chassé de l’industrie du taxi et qu’il n’a plus les moyens de payer son loyer.

Pourquoi Nomadland?
Le thème de ce livre m’intéresse fortement, car si j’étais célibataire je serais une digital nomade et je vivrais probablement dans un van, bien qu’ici il soit davantage question d’un nomadisme presque subi. Je suis allée vers ce document les yeux fermés, vu que j’aime beaucoup les éditions Globes qui ont toujours des publications de qualité. Les deux derniers livres lus de cette maison d’édition (La Note Américaine et L’Écart) ont été de très bonnes lectures.

Mon avis sur Nomadland de Jessica Bruder

Dans son livre reportage, la journaliste Jessica Bruder nous propose une enquête sur les travailleurs nomades des États-Unis. Elle nous raconte les trois années qu’elle a passé aux côtés de ces travailleurs itinérants qui ont tout perdu lors de la crise économique de 2008 et qui, au lieu de baisser les bras, on décidé d’investir leurs derniers dollars dans un van pour pouvoir aller chercher le travail là où il se trouve.
Mais dans son enquête, Jessica ne va pas se contenter de les interviewer, elle va elle-même vivre dans un van et parcourir des milliers de kilomètres avec eux, pour décrire leur vie de l’intérieur.
Elle va expérimenter la récolte des betteraves et le travail dans un entrepôt d’Amazon pour se rendre compte de la pénibilité du travail proposé ; car oui, Amazon est un très gros employeur de travailleurs nomades, la société a même ouvert un espace de camping qui est réservé à ses employés aux abords des entrepôts.

Il existe de nombreux postes saisonniers qui accueillent les « nomad workers », comme la récolte des betteraves à sucre, les parcs à thème, les campings des parcs nationaux, ou pour surmonter le rush des fêtes de Noël chez le géant de l’E-commerce, mais c’est toujours pour des boulots difficiles et peu rémunérés.

J’ai appris l’existence de cette population américaine de «sans adresse fixe» dont je ne soupçonnais pas l’existence. Ils sont pourtant des dizaines de milliers à vivre comme cela et sont, pour une grande partie, des retraités. Il n’est pas rare de croiser des personnes ayant plus de 70 ans !
Toutes ces personnes ont créé comme une société parallèle, une grande famille qui se retrouve, chaque année, lors d’énormes rassemblements.
L’enquête de Jessica Bruder est découpée en plusieurs parties, elle nous présente des parcours de vie de différents nomades, et ensuite elle nous propose sa propre expérience. On va régulièrement croiser son amie Linda May qui, à 64 ans, rêve de construire sa géonef [une habitation respectant l’environnement, auto-construite).

J’ai trouvé ce livre passionnant et complètement captivant ! Les portraits sont plus touchants les uns que les autres. Impossible de rester de marbre à ce que Jessica nous apprend. La journaliste nous livre ses écrits en toute simplicité avec une écriture bienveillante.
Elle casse un peu le mythe du Vandwelling (un mode de vie consistant à vivre à temps plein ou à temps partiel dans un véhicule), en précisant que la frontière est mince les SDF et les SAF (sans adresse fixe)

P247
Depuis quelques années, l’Amérique fait peser une pression sans précédent sur ceux qui n’ont pas d’habitat traditionnel[…]. Le nombre de villes ayant interdit le fait de dormir dans sa voiture a bondi de 37 à 81 au cours de la même période.

Nomadland est un livre que je vous recommande très fortement.

Jessica Bruder Nomadland

9

L'ECRITURE DE L'AUTEUR

9.0/10

L'HISTOIRE

9.0/10

Infomations

  • GLOBE (6 février 2019)
  • 320 pages
  • 22€

Un commentaire

  • Matatoune
    9 mars 2019 à 8 h 55 min -

    Je ne sais où j’ai déjà entendu parler de ce livre ! Je le note pour les prochains achats … merci pour cette présentation qui donne vraiment envie !

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